dimanche 18 avril 2010

Les plus courtes #3 : Foutaises.

Court métrage plus léger cette semaine avec Foutaises de Jean Pierre Jeunet.



En 1990, Jean Pierre Jeunet, réalisateur de plusieurs courts, s'attaque à la réalisation de Foutaises dans lequel Dominique Pinon, grand acteur à la sale gueule abonné aux films du cinéaste, énumère sans ordre précis tout ce qu'il aime ou non dans la vie.

Jeunet, à travers ce scénario de quelques lignes (une pour chaque idée, à vrai dire), nous offre un condensé de sa future carrière : un personnage commun, donc forcément un peu barré, aux préoccupations ordinaires (le coup de la goutte) mais dont la naïveté attendrissante cache quelque chose de plus profond (le questionnement sur la mort par exemple). C'est le bonheur quotidien des classes populaires (la petite folie du départ en vacances) que nous montre ici le réalisateur, un monde faussement enfantin, à l'instar de cette petite fille jouant sur un graffiti de pénis. Il y a quelque chose de Jaques Tati dans cette oeuvre, un Tati un peu désabusé, s'efforçant de gratter sous l'aspect morose des choses pour y découvrir de la bonté. Certaines séquences comme les enfants au parc ou la ballade des chiens font irrémédiablement penser à Mon Oncle.
Foutaises montre aussi le talent du réalisateur pour les décors, pour créer un univers visuel fort (le magnifique générique) et pour une réalisation qui peut sembler anodine mais juste et recherchée (les travellings, les cadrages, les inserts) ainsi que celui de Marc Caro (futur co-réalisateur de L'île des enfants perdus et de Delicatessen) pour le sens du rythme, vif et précis.

Ce court métrage sera lauréat de plusieurs prix, dont le César du meilleur court métrage 1991, ce qui lancera la carrière de Jean Pierre Jeunet vers de long métrages et l'idée du j'aime/j'aime pas (qui, à l'air Facebook et autres Twitter, trouve une nouvelle résonance) sera repris dans le grand succès Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain.
*S.M.*

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