jeudi 13 mai 2010

Robin Hood : parcours fléché.

Malgré le nombre d'adaptations (la première date de 1912), Robin la Capuche (la véritable traduction de Robin Hood, beaucoup moins classe que "des Bois") est resté un archétype bien précis : brigand au grand coeur, malin comme un renard (animal choisi par Disney), archer de talent combattant le grand méchant Prince Jean. Un personnage romantique donc, auquel tous les petits garçons s'identifient un jour dans leur phase "Chevalier". Cependant, le XIIIe siècle fut beaucoup plus tourmenté, plus sombre et plus crasseux que ce que Curtiz ou Reynolds nous ont montré.
Spécialisé dans la fresque historique (Kingdom of Heaven), Ridley Scott s'est donc lancé le paris de nous offrir un chevalier, certes, mais un tant soit peu réaliste pour le contexte historique : bourru, sale, mal rasé et sentant la transpiration. Bref, retour à la méthode utilisée sur Gladiator qui a revisité le genre (plus que) vieillissant du péplum.

Russel Crowe incarne donc ce certain Robin Longstride, bon à rien, à part pour la guerre, mais honnête (les jeux d'argent qu'il organise ne sont pas truqués), patriote mais quelque peu insubordonné (il se permet presque de faire la morale à Richard I), désertant finalement (en même temps, il était au pilori) de la route retour des Croisades, en compagnie de ses fidèles amis à la mort de Richard. Il devra déjouer une invasion des Français (cocorico, hum) et mener ses compatriotes à se révolter contre le nouveau roi, Jean d'Angleterre, les épuisants à coups d'impôts.

L'idée d'un préquel, d'un Robin avant les Bois (cf l'annonce finale à la Dark Knight), d'un homme du peuple avant toute chose, d'un leader né est excellente. Elle permet de différencier le véritable Robin (le film de Scott) de la légende (tous les autres), et de connaitre son ascension, chose qui n'était pas vraiment le cas dans les précédentes adaptations (Robin rentre des Croisades et n'est pas content). Cependant, son parcours n'est malgré tout que peu intéressante. Scott ne met jamais son personnage en véritable péril, jamais Robin ne se remet en question et donc celui-ci n'évoluera que très peu (voire pas du tout). Il est juste et bon mais il n'est que cela. Il découvrira son potentiel qu'avec la révélation du paternel, dont découlera la morale insipide et mainte fois revue "un dirigeant doit savoir écouter et prendre soin de ses citoyens".

Au risque de perdre une partie des spectateurs en manque d'action, Scott décide de s'attarder autant sur la facette politique de l'époque (le complot), sociologique (la misère des paysans anglais) que sur le côté épique des combats. Même si l'intention est louable et si certains passages sont très réussis, Scott semble s'y perdre un peu, comme si c'était trop à faire en peu de temps, ce qui a pour effet direct d'alourdir le récit. Les séquences de batailles, quelques peu faiblardes et tombant dans la facilité et dans le cliché (la jeune femme à la rescousse, les ralentis, les flèches à la 300), sont alors comme une bouffée d'air venant aérer le scénario aux bons moments. Si Ridley Scott manque un peu d'inspiration dans sa réalisation (certaines scènes en montrent les soubresauts, à l'instar des sublimes scènes de forêt), il lui en manque aussi dans la direction d'acteurs : Russel Crowe peine étonnement beaucoup à avoir un semblant de charisme, surtout pour un meneur d'hommes, alors qu'Oscar Isaac devient très vite insupportable dans le rôle du grand gosse de prince. C'est surement l'effet voulu mais toujours est il que le rôle du grand méchant semble parfois vacant. Et ce n'est pas les seconds rôles (Petit Jean, Will, Tuck ou encore Marshal), faisant office de tapisserie, qui parviendraient à les mettre en valeur. Seuls la rayonnante Cate Blanchett et le respectable Max Von Sydow parviennent à tirer leurs épingles du jeu.
L'utilisation de la musique de Marc Streitenfeld, qui, à l'exception de la musique de taverne, n'est pas très transcendante, et surtout des chants grégoriens aux moments tristes est juste agaçante alors que les décors et les costumes, dont l'importance est capitale pour un film d'époque, sont superbes et magnifiquement mis en valeur.


En résumé : Robin Hood revient aux sources du mythe pour établir une version réaliste et plausible de la légende. Cependant, entre complot politique un peu confus et batailles déjà vues, Ridley Scott se perd un peu en route alors que Russel Crowe ne fait pas beaucoup d'effort pour faire honneur au meneur d'hommes du titre. 
**°°
"Rise and rise again,
Until lambs become lions."
*S.M.*

3 commentaires:

Unknown a dit…

Vous savez s'il s'agit d'un préquel ? Je veux dire si une suite est prévue, je dois dire que sinon je suis assez déçu...

Résidant aux US, je l'ai vu en VO pure et c'est vrai que Russel Crowe est beaucoup moins convaincant que dans Gladiator...

Dr. Gizmo

Sébastien Minnebo a dit…

Je ne savais pas que c'était un préquel avant de voir le film et ce fut une (la seule ?) agréable surprise.
Par contre, pour une suite, rien n'est sûr. Mais vu la direction que prend la fin et que Scott est un immense fan de cette période historique, ça ne m'étonnerait pas si le film rencontre assez de succès.

dasola a dit…

Bonjour, j'ai trouvé ce film moyen à la limite de l'ennuyeux comme R. Crowe qui a l'air de se demander ce qu'il fait là. J'ai tellement aimé le cinéma de R. Scott, j'aimerais bien qu'il nous refasse un chef d'oeuvre comme Alien ou Blade Runner. Bonne journée.