samedi 20 mars 2010

Les plus courtes... #1 : Un Chien Andalou.

Les Esprits Critiques inaugure un nouveau rendez vous - que l'on pense être - bimensuel : Les plus courtes...
Ces notes auront pour vocation - en toute modestie, bien sûr - de faire (re)découvrir un court métrage réalisé par un grand réalisateur ou votre voisin (n'hésitez donc à nous envoyer vos liens), accompagné d'une courte "analyse".

Cette semaine donc, Un Chien Andalou de Luis Bunuel (1929).
Attention, le film peut choquer...

Véritable étrangeté dans le monde cinématographique, Un Chien Andalou est le premier film du fameux Luis Bunuel, co-scénarisé par l'artiste surréaliste Salvador Dali et réalisé en France en 1929.

Ce film de 16 minutes est une véritable expérience, une oeuvre d'art qui n'a pas de précédent au cinéma. Imaginé en seulement une semaine, le scénario, légèrement parodique de la narration classique (les cartons, le balcon, le couple et la Lune, clichés du film romantique), n'offre pas d'histoire plausible ou même explicable. On peut, à la limite, penser que nous suivons un homme surmontant divers obstacles pour retrouver sa bien aimée. Cependant, comme semble l'indiquer le coup de rasoir dans l'oeil, Bunuel (c'est lui qui tient le rasoir) nous invite à changer de regard face aux images qui vont suivre, de quitter une vision classique.
Ainsi les artistes nous offrent diverses images (dont quelques fuites des oeuvres de Dali), toutes plus incohérentes et folles que les autres : un âne mort sur un piano, des seins se transforment en fesses, des fourmis plein le bras (comme l'expression ?), les personnages empruntant une porte qui donne sur la même pièce... Et pour cause, les seuls restrictions que se sont donnés les auteurs étaient l'absence total de sens.
Bunuel explique :
Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l’esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou de l’éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion.
C'est pourquoi, le film ressemble à un doux cauchemar, à un rêve horrible, se rapprochant plus d'un cadavre exquis que les films habituels de l'époque, Bunuel reniant toute les interprétations possibles. Le film reste en outre, encore aujourd'hui, un fabuleux et virulent manifeste à l'imaginaire débridé et à la liberté artistique.

Vu l'année, l'accueil fut étrangement très bon (si on met de côté les évanouissements, les avortements et les quelques 50 dénonciations à la police) ce qui déplut fortement aux deux artistes qui prirent cette gloire comme l'acclamation "d'un public abruti par les revues et "divulgations" d'avant garde, qui applaudit par snobisme tout ce qui semble nouveau et bizarre."
Ce court métrage fera connaitre les auteurs au mouvement surréaliste de Breton, Man Ray et Aragon et lancera la longue carrière cinématographique de Bunuel.
Sources :

*S.M.*

1 commentaire:

Benbibop a dit…

C'est plutôt bien résumé je trouve... C'est sûr que ça ressemble à du Dalì pour la conception, le sens dans le film semble éclaté un peu partout, comme sur ses tableaux...