Deux inspecteurs, l'un expérimenté et désespéré, l'autre nouveau et grande gueule, enquêtent sur un tueur en série, suivant les sept péchés capitaux.
Seven, à l'intrigue plus que classique, réinvente paradoxalement les codes du thriller. En effet, David Fincher nous fait suivre une semaine d'enquête de deux policiers dans une grande ville anonyme (bien que son nom ne soit jamais mentionné, on peut entre-apercevoir l'inscription New York sur certains panneaux). Rien de très original, donc. De même, les personnages sont pour le moins classiques et stéréotypés : un vieux baroudeur (Morgan Freeman, tout ce qu'il y a de plus parfait), las d'un monde dominé par la violence et à une semaine de la retraite, et un petit jeune (Brad Pitt, le héros maudit et charismatique, toujours aussi bon quand il y met du sien), beau parleur et colérique, issu d'un petit village du fin fond des États Unis, perdu dans sa nouvelle ville. Une ville glauque et poisseuse perpétuellement sous la pluie. Ici réside le paradoxe : deux flics banals, que l'on pourrait voir dans n'importe quel film policier, limite anachronique, évoluent donc dans une ambiance ultra-réaliste, blafard et maussade, renforcé par la caméra-voyeur de Fincher et la musique de Howard Shore. Le schéma de l'enquête est elle aussi basique : meurtre, enquête, indice, meurtre...
La première originalité vient, elle, des meurtres en eux même. Précurseur des Saw, chaque meurtre est un chef d'œuvre de sadisme et suit un péché capital : la gourmandise illustrée par un obèse mort d'un éclatement de l'estomac suite à l'ingestion d'une quantité astronomique d'aliments, une prostitué pénétrée par un godemiché surmonté d'un couteau afin d'illustrer la luxure etc. Ainsi apparait le paradoxe : comment deux enquêteurs ordinaires peuvent ils arrêter un tueur qui ne l'est pas? Réponse simple : ils ne le peuvent pas.
John Doe, le tueur, joue au chat et à la souris avec les héros tout au long du film. Ceux ci touchent au but mais sont finalement incompétents face à l'esprit retors et machiavélique de Doe, qui ferait pâlir d'envie tous les Hannibal Lecter de l'univers. Alors l'enquête piétine. Le duo retrouve la trace du serial killer? Doe avait prévu le coup, sème le plus vieux et manque de tuer le jeunot. Impossible à arrêter, le criminel se rend en définitive de lui même à la police et se met à prêcher les héros. Lors de cette scène, Kevin Spacey, incroyablement charismatique, hypnotise littéralement le téléspectateur, tiraillé entre les arguments du tueur (tout le monde vit dans le péché, cohabitant avec des pourritures sans nom et laisse aller) et ses méthodes. La scène finale est magistralement interprétée (le trio d'acteur a rarement été aussi bon) : la caméra et la musique deviennent hystériques, le cœur du spectateur bat à tout rompre, le piège se referme. Le héros devient l'assassin et le tueur parvient à ses fins.
Rares sont les scénarios (du moins à l'époque) poussant leurs héros aussi irréprochables dans les bras du méchant de service. Le twist final est tout de suite devenu un exemple du genre et l'effet fonctionne toujours aussi bien, et ce malgré le fait qu'il est assez facile à deviner aujourd'hui. Andrew Kevin Walker transforme donc l'essai avec un premier scénario anti manichéen, intelligent et novateur.
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En résumé : Un scénario surprenant mis en scène par un David Fincher sombre et pervers et interprété par un trio d'acteurs exceptionel.
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"Ernest Hemingway once wrote, "The world is a fine place and worth fighting for." I agree with the second part."
- Willliam Sommerset (Morgan Freeman)
*S.M.*
- Willliam Sommerset (Morgan Freeman)
*S.M.*
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