vendredi 30 juillet 2010

Zombieland : No man's land.

C'est la fin du monde : depuis quelques temps, les zombies attaquent tout ce qui vit et les quelques rares survivants cherchent un endroit relativement sûr. C'est dans ce contexte que Columbus, jeune geek puceau et peureux à la liste de règles bien claire, et Tallahasse, machine de guerre déchainée à la recherche des derniers Twinkies au monde, vont se rencontrer et s'allier, par dépit, afin de rejoindre la côte Est.

Depuis The Night of the Living Dead du roi des zombies, George A. Romero, en 1968, de nombreux films de genres sont sortis sur le même principe : une poignée de miraculés versus le reste de l'humanité transformée en cadavres ambulant mangeurs de chaire humaine. A partir de ce schéma, libre aux auteurs de broder afin de créer des scénarios plus ou moins bons, plus ou moins inventifs à l'instar de Romero, dont les films étaient toujours au bord de la critique politique.

Zombieland ne fait pas exception à la règle : un scénario plus que basique (un groupe de survivants lancé dans un road trip à la recherche d'un refuge, plus une amourette, plus un désir de vengeance), des personnages stéréotypés (le geek, la machine de guerre, la bombe qui en joue et la gamine précoce), des rencontres inopportunes et épanouissantes, des décors magnifiques et vides (l'avion sur l'autoroute, le parc désert) et surtout du gore, du gore et encore du gore (splash la tête). Seulement, le premier long métrage de Ruben Fleisher crée véritablement la surprise, principalement grâce à quelques morceaux de bravoure dans sa réalisation (cf. le générique, monumental) mais surtout par son humour.
Là où la force humoristique d'un Shaun of the Dead trouvait sa source dans le détournement des codes du genre tout en les respectant, Zombieland lui crée plutôt un nouveau langage associé au film de zombies, en particulier à travers le guide de survie du personnage principal, probablement l'idée la plus originale. En effet, bercé par les films pop corn, les jeux vidéos et les comics (le style d'affichage, lieu d'une certaine recherche scénique, en est l'énorme référence, comme l'avait fait la série Heroes), le héros (à l'image d'une grande partie du public visé) se crée toute une liste de préceptes cyniques à respecter pour se maintenir en vie dans ce monde cauchemardesque : avoir un bon cardio afin de tenir la distance contre les zombies sprinters, être sûr de tirer dans la tête pour éviter une fâcheuse surprise, ne pas jouer au héros, etc. Autant de réflexions que celui qui a vu un film d'horreur dans sa vie s'est faites ("Non, ne vous séparez pas !") et qui donneront lieu à de nombreux gags sanglants. Bien sûr, la liste se trouvera étoffée et modifiée au grès des évènements et des rencontres, symbole à la finesse d'un mort vivant de la psychologie des personnages en perpétuelle évolution. Mais soit, ceux ci sont assez délirants et dotés de répliques mémorables pour nous être charismatiques et sympathiques.

Et dans le genre, Woody Harrelson tient la vedette haut la main, son show ne sera interrompu que par le caméo surprise d'un acteur à la popularité monumentale (et dont nous tairons le nom afin d'éviter le spoiler). Cette incursion démente et brillante est probablement le guest starring le plus drôle qu'il nous est été donné de voir dans un film, sa sortie, un moment d'anthologie hilarante. A l'instar de cette visite, le film vise aussi un autre public "geek", celui des cinéphiles : qu'elles soit propre au genre (Romero,Snyder ou Boyle) ou au cinéma plus "classique" (All About Eve, For a Few Dollars More ou encore Delivrance), les références se bousculent souvent avec une certaine finesse et humour, inscrivant le film dans une culture populaire et contemporaine.
En résumé : Film de zombies au schéma classique, Zombieland fait pourtant preuve d'originalité par son humour cynique et sanglant, servis par des personnages charismatiques, bien que stéréotypés, et ses références fines et recherchées.
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"You see? You just can't trust anyone. The first girl I let into my life and she tries to eat me." 
Columbus (Jesse Eisenberg)
*S.M.*

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